Le contrôle coercitif est une forme insidieuse de violence psychologique qui vise à dominer et à contrôler sa ou son partenaire sur le plan psychologique, émotionnel, social et économique, de manière systématique et persistante. Ce phénomène est particulièrement courant dans les relations de couple, mais il peut aussi se manifester dans d’autres types de relations, professionnelles ou amicales.
Cette forme de violence inclut notamment la surveillance constante, les menaces, l’isolement social, le contrôle des finances ou la manipulation psychologique. En isolant l’autre personne de ses soutiens, en la prive de ses libertés et en détruisant son estime de soi, le contrôle coercitif, difficile à détecter tant il opère dans l’ombre, laisse des séquelles profondes et peut entraîner une dégradation importante de la santé mentale et du bien-être de la personne qui en est victime.
Les manifestations du contrôle coercitif
Le contrôle coercitif peut prendre de nombreuses formes, rendant souvent difficile pour la personne qui en est victime de reconnaître qu’elle est dans une situation de violence.
Voici quelques exemples courants :
Isolement social : le ou la partenaire restreint les contacts de la victime avec ses amis et sa famille, créant ainsi une dépendance émotionnelle et sociale.
Surveillance constante : cela peut inclure des appels et messages fréquents, le suivi des déplacements, des communications et même l'espionnage numérique.
Contrôle financier : la victime peut être privée de tout accès à l'argent ou être obligée de rendre des comptes pour chaque dépense, limitant ainsi son autonomie.
« J’étais mère au foyer, pour m’occuper de l’éducation de nos enfants et de la maison. C'est lui qui subvenait financièrement aux besoins de la famille. Je n’achetais jamais rien pour moi et pourtant, il se plaignait que je lui coûtais trop cher. Je n’osais même pas acheter des choses vitales comme du déodorant ou une nouvelle paire de chaussures si les miennes étaient trouées. Il me disait que je n’en avais pas besoin et que si j’insistais, je verrais ce que c’est que de vivre comme une pauvre. »
Manipulation psychologique : le ou la partenaire utilise des tactiques de « gaslighting » (voir ci-dessous) pour créer la confusion et faire douter la victime de sa propre réalité, érodant ainsi sa confiance en elle.
Menaces et intimidation : la victime est constamment menacée, qu’il s’agisse de menaces directes de violence ou de conséquences pour elle ou ses proches si elle ne se conforme pas.
Gaslighting
Le « gaslighting » (détournement cognitif, en français), souvent utilisé par la personne toxique, est une technique de manipulation psychologique où elle déforme la vérité ou nie des faits pour faire croire à la victime qu’elle perd la raison. Cette confusion mentale affaiblit la victime, qui devient de plus en plus dépendante de son ou sa partenaire pour obtenir une validation de la réalité.
« Quand j’essayais de discuter calmement et que je la confrontais sur ses contradictions, elle ne répondait pas, puis évoquait un souvenir douloureux pour moi, comme le décès de mon frère, pour que je me sente mal. Elle me disait ensuite que j’exagérais. Elle contactait aussi régulièrement les membres de ma famille pour leur dire que j’étais fou, même après notre séparation. »
Le contrôle coercitif n’est pas limité aux relations de couple. Il peut également se manifester dans d’autres contextes, comme le travail ou même les amitiés.
Sur le lieu de travail
Un·e supérieur·e hiérarchique peut user de son pouvoir pour exercer un contrôle coercitif sur un·e employé·e. Cela peut inclure la surveillance excessive, du dénigrement (en public ou en privé), des menaces ou intimidations, l’attribution de tâches impossibles à réaliser pour créer un sentiment d’échec, le contrôle ou la limitation de l’accès aux informations, l’isolement ou même l’exclusion de réunions importante, par exemple.
Dans les amitiés
Une relation amicale peut aussi devenir toxique lorsque l’un·e des ami·e·s utilise des tactiques de manipulation pour dominer l’autre. Un·e ami·e peut par exemple tenter de contrôler les fréquentations de l’autre personne ou lui imposer son point de vue en dévalorisant constamment ses opinions, en la ou le faisant culpabiliser pour des décisions qu'elle ou il a prises, créant ainsi une dynamique de pouvoir déséquilibrée.
La victime peut également développer un sentiment de dépendance à l’égard de la personne toxique, renforçant le cycle de la violence.
Les conséquences du contrôle coercitif
Les effets du contrôle coercitif sont graves et de longue durée, et pourtant souvent sous-estimés. Cette forme de violence crée un climat de terreur constant pour la victime, affectant gravement sa santé mentale. La peur, la dépression, l’anxiété et les troubles de stress post-traumatique sont des conséquences courantes.
Le contrôle coercitif peut aussi avoir des effets physiques, car le stress constant peut affaiblir le système immunitaire, entraîner des troubles du sommeil ou provoquer des maladies chroniques.
La victime peut également développer un sentiment de dépendance à l’égard de la personne toxique, renforçant le cycle de la violence. Parfois, les victimes ne sont pas conscientes de la gravité de leur situation, confondant ce comportement avec une forme d’amour possessif ou protecteur.
« Il me répétait sans cesse que je vivais dans un autre monde, que je me trompais sur tout. Mes idées ne comptaient pas. À force, je me suis complètement effacée, j’avais perdu ma personnalité. »
Par ailleurs, le contrôle coercitif peut avoir des répercussions sociales, en isolant la victime de son réseau de soutien. Cette isolement peut rendre la fuite de la situation encore plus difficile, car la victime peut se retrouver sans ressources ou sans personne à qui demander de l’aide.
L’importance de chercher de l’aide
Il est crucial pour les personnes victimes de contrôle coercitif de chercher de l’aide dès que possible. Cependant, cette prise de conscience n'est pas toujours facile. La nature psychologique de cette forme de violence fait qu’elle est souvent minimisée ou même ignorée par la victime elle-même. Elle peut craindre de ne pas être crue ou de ne pas être comprise, surtout si les signes de violence ne sont pas visibles.
Chercher de l’aide est un acte de courage, car il implique non seulement de reconnaître la violence subie, mais aussi de se tourner vers des ressources extérieures pour briser le cycle de l’abus. En Suisse romande, victimepasseule.ch offre des ressources précieuses pour les victimes de violences conjugales, notamment à travers le « violencier », un outil d’auto-évaluation de la « santé » de sa relation, disponible en ligne (dans plus de 30 langues) et dans de nombreux endroits stratégiques, comme les cabinets médicaux.
Chercher de l’aide est un acte de courage, car il implique non seulement de reconnaître la violence subie, mais aussi de se tourner vers des ressources extérieures pour briser le cycle de l’abus.
Le violencier offre un moyen clair et accessible de reconnaître les signes avant-coureurs de la violence. Il se divise en trois parties :
La zone verte décrit les comportements d’un·e partenaire sain·e, qui respecte vos décisions, vos désirs et vos goûts, accepte vos ami·e·s et votre famille, a confiance en vous et se réjouit de votre épanouissement personnel. Dans une telle relation, même s'il peut y avoir des disputes, elles ne sont pas marquées par la peur ou la manipulation.
La zone jaune met en garde contre les signes de contrôle coercitif. Si votre partenaire vous ignore pendant des jours, vous fait du chantage, rabaisse vos opinions, vous humilie en public ou se montre jaloux·se et possessif·ve, ce sont des signes de violence psychologique. Le contrôle de vos sorties, de vos habits, le fait de fouiller vos messages ou d’insister pour que vous envoyiez des photos intimes sont autant de comportements inacceptables qui doivent vous alerter. Ces comportements constituent le cœur du contrôle coercitif, où la liberté de la victime est progressivement grignotée.
La zone rouge souligne les comportements les plus graves, indiquant que la victime est en danger immédiat. Cela inclut des actes de violence physique ou sexuelle, des menaces de suicide ou de diffusion de photos intimes ou encore des menaces de mort. Si votre partenaire vous pousse, vous frappe, vous oblige à des relations sexuelles ou vous menace avec une arme, il est impératif de chercher de l’aide immédiatement.
Le violencier est un outil précieux. Il permet tout d’abord de prendre conscience de la situation. En identifiant les comportements abusifs, la victime peut mieux comprendre la nature toxique de sa relation. Il renforce également sa détermination à agir. Connaître les signes de danger peut encourager la victime à chercher de l’aide avant que la situation ne s’aggrave. Enfin, il peut susciter la discussion avec des ami·e·s, des professionnel·le·s ou même avec les autorités, facilitant ainsi l’accès à un soutien adapté.
« Elle avait pris l’habitude de fouiller dans mes affaires. Un matin, elle m’a appelé au travail après avoir trouvé des notes que j’avais écrites. J’avais couché sur papier ce que je ressentais, comme un journal intime, et ça l’a fait péter un plomb. Elle me hurlait que j’étais fou, que j'hallucinais. C’était la goutte d’eau. Le lendemain, j’ai rassemblé quelques affaires et je l’ai quittée définitivement. Avec le recul, je réalise l’importance de s'écouter soi-même et de croire en son ressenti. Si on sent que quelque chose ne va pas, c’est très certainement vrai. »
Reprendre le contrôle de sa vie
Il est essentiel de se rappeler que personne ne mérite d’être contrôlé, manipulé ou maltraité. Reconnaître la violence coercitive est le premier pas vers la liberté.
N’oubliez pas que de nombreuses ressources existent pour vous soutenir et qu’il est toujours possible de sortir d’une relation toxique (voir également cet article). Personne ne devrait vivre dans la peur ou le contrôle.
Cette plateforme est faite pour vous. Vous y trouverez des ressources et du soutien pour vous protéger et avancer vers un avenir plus serein et épanouissant.
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